Espèces envahissantes

Au secours… Les milieux naturels sont envahis!

Nos écosystèmes livrent actuellement une grande bataille. Au-delà des pressions exercées par les humains, ceux-ci sont envahis par des végétaux, des animaux et des micro-organismes qui ne sont pas indigènes et qui mettent en péril leur intégrité. Une espèce est dite indigène lorsqu’elle fait partie du patrimoine naturel du Québec. Elle est exogène (aussi dite exotique) lorsqu’elle est introduite dans une aire distincte à son aire d’origine. Une espèce exotique est dite envahissante lorsqu’elle en vient à nuire aux différentes composantes et processus écologiques d’un écosystème, à le dominer ou alors à le modifier et mettre ainsi en péril son fonctionnement durable. Précisons que certaines de nos espèces indigènes ont des perspectives de reproduction réduites et sont moins compétitives en raison de leur nordicité.

Depuis 2016, nous contrôlons le principal envahisseur du Parc des Bateliers, soit le nerprun cathartique (Rhamnus cathartica) et nous reboisons le site avec des végétaux indigènes. Le nerprun a été introduit au Canada, dans des jardins horticoles, il y a plus de 150 ans. Cet échappé de culture prolifère en Amérique car il n’a aucun ennemi ou maladie qui l’attaque et/ou le contrôle. Les oiseaux le propagent mais l’être humain lui permet souvent, par ses actions, de coloniser les habitats. De plus, le nerprun produit une substance dite allélopathique qui nuit  voire empêche la croissance des végétaux. De plus, cette substance perturbe également le développement embryonnaire de certains amphibiens. En combinaison avec l’ombrage causé par son feuillage, le nerprun arrive donc à supplanter les arbres, les arbustes et les herbacées que l’on retrouve naturellement dans nos régions.

Merci de respecter l’environnement en demeurant dans les sentiers

Mieux connaître le Nerprun

Qu’est-ce qu’une plante « envahissante »?

Le problème de l’envahissement des régions naturelles de l’Amérique du Nord par certaines plantes, en particulier par des espèces d’origine Eurasienne, remonte au début de la colonisation par les Européens. Depuis ce temps, un nombre croissant de plantes est devenu problématique, perturbant la composition, la structure et les fonctions des écosystèmes et menaçant ainsi notre faune et flore indigène. Au Canada, comme ailleurs, cette situation se fait sentir plus particulièrement dans les régions les plus altérées par l’activité humaine, mais affecte aussi nos milieux naturels.

Le nerprun

Le nerprun cathartique (Rhamnus cathartica) tout comme le nerprun bourdaine (Rhamnus frangula) sont considérés comme des plantes étrangères très envahissantes en Amérique du Nord. De véritables « prédateurs végétaux » dont la densité des peuplement perturbe la régénération naturelle de nos espèces indigènes, mettant ainsi en péril plusieurs de nos écosystèmes.

En Europe, le Rhamnus cathartica et le Rhamnus frangula ne sont pas considérées comme des espèces « nuisibles » bien qu’elles soient reconnues comme pouvant être envahissantes. En effet, on trouve outre-atlantique des insectes, des parasites, ainsi que des champignons qui s’attaquent aux Rhamnus et participent naturellement au contrôle de ces espèces.

Comment le nerprun est-il arrivé en Amérique?

Le nerprun cathartique (Rhamnus cathartica) communément appelé nerprun commun, nerprun purgatif, et par les anglophones Common buckthorn ou european buckthorn, est originaire d’Eurasie tout comme le nerprun bourdaine (Rhamnus frangula) qui lui aussi se fait appeler de multiples manières : nerprun noir, bourdaine, Aulne noir… et en anglais : glossy buckthorn, fernleaf buckthorn et alder buckthorn. Le nerprun bourdaine est également appelé arbre à poudre : ce nom provient du charbon de bois que l’on produisait à l’aide de cette plante, et qui, une fois réduit en poudre, entrait dans la composition de la poudre à canon.

Ils furent introduits d’Europe essentiellement pour un usage horticole et médicinal. Tous deux se sont naturalisés à l’aide d’oiseaux qui ont dispersé leurs semences hors de leur aire de plantation. Ils devinrent envahissants pour plusieurs écosystèmes, tant Canadien qu’États-uniens, en supplantant nos espèces indigènes grâce:

  •   à leur facilité à s’adapter à plusieurs types de milieux;
  •   à l’ombre épaisse que répandent leur feuillage;
  •   à leur fort taux de germination;
  •   à leur allélopathie;
  •   à l’absence de prédateurs et de parasites;

On trouve les nerpruns dans divers types de milieux secs ou humides dont les forêts, les lisières de boisés, le long de clôtures, les prairies, les fossés et les champs abandonnés.

Comment le nerprun se propage-t-il?

Les fruits des nerpruns tant bourdaine que cathartique sont consommés par plusieurs espèces d’oiseaux qui de ce fait en font la propagation. Nous n’avons qu’à penser aux zones agricoles où les nerpruns sont souvent retrouvés en bordure de champ, et qui dit champ, dit clôture. Les clôtures, dans ces milieux ouverts, deviennent les perchoirs désignés des oiseaux, qui en déféquant, sèment du même coup les semences des nerpruns

La même chose se produit en bordure des routes et dans les fossés, car les oiseaux utilisent cette fois les hautes herbes de ces endroits non entretenus comme perchoir. Parmi les oiseaux participant à la propagation du nerprun, on retrouve: les étourneaux, les grives, les moqueurs, les jaseurs, les gélinottes et même les pics. Les fruits des nerpruns restent dans l’arbuste une partie de l’hiver, au moment où les autres sources de nourriture pour les oiseaux se raréfient, ce qui favorise sa dissémination.

Pourquoi doit-on agir?

La propagation du nerprun cathartique ainsi que du bourdaine est, au fil du temps, en train de devenir une problématique nationale pour nos aires protégées. Il faut savoir que plus la population de nerprun augmente et plus sa propagation par les oiseaux sera grande. De plus, la substance allélopathique produite par le nerprun affecte le développement embryonnaire des amphibiens à métamorphose rapide lorsque celle-ci entre en contact avec l’eau des mares temporaires. La valeur des milieux naturels envahis se trouve amoindrie et les animaux en désespoir de trouver autre chose finissent par consommer du nerprun ce qui les rend malade.  Lorsque consommée par les mammifères, les baies agissent comme une drogue provoquant chez certains animaux (comme le cerf) des comportements étranges voir même addictifs.

L’éradication de ces deux arbustes envahissants ne peut se faire sans la participation de l’ensemble des acteurs de la société. Il devient donc primordial d’entamer un processus de conscientisation et d’implanter des politiques de contrôle de ces espèces envahissantes. Il est maintenant impératif d’agir! Les solutions devront être fédérales, provinciales, municipales, agricoles ainsi qu’individuelles.

Suivis ou veilles sanitaires

À la suite des opérations de contrôle du nerprun et afin de se débarrasser complètement de l’envahisseur, des suivis sont nécessaires et doivent s’étaler sur au moins une décennie car les graines présentes dans le sol sont viables pendant une dizaine d’années.

Mieux connaître le Phragmite

Le roseau commun est une plante exotique, qui est communément appelée phragmite. Celui-ci est employé depuis des siècles en Europe pour couvrir les toitures de chaume. Au Canada, le roseau indigène et la quenouille sont surpassés et disparaissent progressivement sous la pression du roseau européen. Cette plante herbacée vivace se retrouve principalement dans les milieux humides, le long des rives des plans d’eau ainsi que dans les fossés agricoles. Elle est très résiliente et arrive même à former des colonies dans des milieux plus secs. Le phragmite peut  atteindre 5 mètres de hauteur et dans les pires infestations, on peut dénombrer plusieurs centaines de tiges par mètre carré.

Celle-ci se reproduit tant de façon végétative que sexuée. Ses rhizomes croisent horizontalement de plusieurs mètres annuellement. Sa propagation fulgurante lui permet de coloniser des surfaces de plusieurs hectares très rapidement. Chaque phragmite supporte une inflorescence produisant des milliers de graines chaque année. Sa dispersion s’effectue de manière naturelle par le vent et l’eau, mais également de manière anthropique par les équipements d’entretien de fossés, par les VTT ainsi que par toutes les personnes qui la cueille pour se faire des bouquets.

Saviez-vous, qu’un seul fragment de 25 grammes de racine de roseau peut reformer un nouveau plant! Il est donc primordial que vous disposiez du phragmite au bac de déchets. Il ne faut jamais la composter!

Mieux connaître la renouée japonaise

Comme son nom l’indique, la renouée du Japon est originaire d’Asie orientale. Cette plante est reconnue comme étant l’une des pires espèces envahissantes de la planète. Partout où elle s’installe, plus rien d’autre ne pousse ainsi, elle appauvrit la biodiversité. Au bord de l’eau, elle limite l’accès à l’eau et ne protège pas les berges contre l’érosion. De plus, elle peut parfois endommager les infrastructures de béton. 

Précision qu’elle peut se reproduire à partir de minuscules fragments de tiges ou de rhizomes. De plus, ceux-ci peuvent demeurer en dormance dans le sol pendant 10 ans.